No. 64/3    septembre 2011

 

Emmanuel Pahud

Une flûte en or

par Claudio Poloni

 

Un triomphe: pour une fois, le mot n'est pas usurpé. Il qualifie parfaitement la prestation d'Emmanuel Pahud à Lausanne en mai dernier avec l'Orchestre de Chambre de Lausanne. La vénérable salle Métropole a rarement autant résonné au son des bravos et des applaudissements frénétiques. Le soliste a conquis le public par sa virtuosité -- époustouflante -- mais aussi par son aisance, sa musicalité et l'élégance de ses gestes. Né à Genève de parents franco-suisses, Emmanuel Pahud est unanimement considéré comme le meilleur flûtiste actuel. En 1990, après des études à Paris, il suit l'enseignement d'Aurèle Nicolet. Lauréat du Concours de Genève en 1992, il devient, la même année, flûte solo à la Philharmonie de Berlin, alors dirigée par Claudio Abbado. Quatre ans plus tard, il signe chez EMI un contrat d'exclusivité, une première pour un flûtiste auprès d'une grande maison de disques. Il est nommé «Instrumentiste de l'Année 1997» aux Victoires de la Musique. Depuis, il mène une carrière sur plusieurs fronts: instrumentiste à Berlin, soliste avec les plus grands orchestres, musicien de chambre et organisateur de festivals. Il alterne répertoire classique et musique contemporaine, se passionne également pour d'autres genres, notamment le jazz, et se fait un point d'honneur d'être le porte-drapeau des compositeurs de son temps. Entretien exclusif avant son deuxième concert lausannois.

 

RMSR: Emmanuel Pahud, vous êtes de retour à Lausanne avec le Concerto de Jacques Ibert et la Ballade de Frank Martin. Comment s'est décidé le choix des oeuvres?
Emmanuel Pahud: Généralement, les oeuvres sont choisies en discussion avec le chef et l'orchestre, en fonction notamment du répertoire de chacun et des thèmes de la saison. Certains pianistes ou chanteurs tournent une année entière avec deux programmes seulement, mais ce n'est pas mon cas. Après Lausanne, je serai à Zurich puis à Toulouse avec trois programmes différents. Il est vrai que le répertoire pour flûte n'est pas immense: je joue une vingtaine de concertos, ce n'est pas le même sacerdoce que pour un pianiste, qui a 200 ou 300 oeuvres à sa disposition! En l'occurrence, je voulais présenter une pièce profonde, la Ballade de Frank Martin, compositeur romand, et la mettre en contraste avec le Concerto de Jacques Ibert, pour souligner ce qui relie la France à la Suisse romande, et ce qui les sépare dans le discours. Je pourrais proposer davantage d'oeuvres classiques, mais je considère que c'est mon rôle de présenter des morceaux peu joués, ainsi que des créations.

Durant votre séjour à Lausanne, vous avez aussi donné des classes de maître au Conservatoire. Quelle place occupe l'enseignement dans votre emploi du temps?
Pour moi, enseigner veut dire transmettre, passer le relais. J'ai enseigné une année à Genève, une expérience courte, certes, mais très enrichissante. Sinon, je donne des classes de maître lorsque je suis en tournée, comme à Lausanne. Chaque fois que je passe par ici, je suis heureux de «scanner» les classes de flûte du Conservatoire; d'abord parce qu'il existe une bonne pépinière de talents, et aussi parce que je peux aider les étudiants et répondre à leurs questions, étant donné que je n'ai pas le temps de m'occuper d'élèves sur une base régulière. Ce qui me frappe, c'est que la plupart d'entre eux ont une flûte en or, comme la mienne, et je me demande s'il n'est pas trop tôt, à ce stade de leur formation, pour choisir un instrument. La flûte devrait être choisie en toute connaissance de cause, une fois déterminés la sonorité et le répertoire. Il ne faudrait pas que l'instrument soit un palliatif pour, par exemple, permettre à quelqu'un de jouer fort alors que sur une autre flûte il n'y parviendrait pas.

Vous-même, jouez-vous sur plusieurs flûtes?
Comme je mène de front ma carrière à l'orchestre et ma carrière de soliste, j'ai parié sur la stabilité en jouant toujours sur le même instrument. Il s'agit d'une flûte en or qui possède une richesse de couleurs et de profondeur supérieure aux instruments en bois et en argent. Lorsque je change de style, je m'adapte et je modifie ma façon de jouer. D'autres font le pari inverse et changent d'instrument en permanence...

 

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RMSR septembre 2011

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(page mise à jour le 15 septembre 2011)