No. 64/3    septembre 2011

 

Les musiques de la tragédie antique

par Vincent Arlettaz

Apollon, musée de Delphes

Apollon, couronné de myrte, joue de la lyre et offre une libation.
Vase du Musée de Delphes. Vers 480-470 av. J.-C.

Est-il besoin de souligner l'importance du théâtre antique pour l'histoire de la culture européenne? Les érudits de la Renaissance, à qui il devait être réservé de redécouvrir ce répertoire littéraire oublié pendant tout le Moyen Age, étaient persuadés que les pièces de Sophocle ou d'Euripide, au moment où elles furent créées, étaient entièrement chantées. C'est à l'initiative de ces savants humanistes que, vers 1600, fut créé l'opéra; ce dernier se définit à ses origines comme une tentative de faire revivre ces spectacles dont l'outrage du temps avait effacé l'aspect musical. Nous savons aujourd'hui que leur interprétation était exagérée, et que, aux côtés des stasima, interludes lyriques chantés par le choeur, les longs dialogues des acteurs étaient simplement récités. Il n'en demeure pas moins que c'est sous l'égide de la tragédie grecque qu'est née la forme musicale qui, entre toutes, devait s'avérer la plus riche d'avenir -- l'opéra. Mais il y a plus, bien sûr: en littérature, Racine et Corneille, puis Goethe, puisèrent avec enthousiasme dans ce fonds exceptionnel, pour en tirer une Andromaque, une Médée, une Iphigénie. Shakespeare lui-même aurait-il existé sans le glorieux modèle grec? Plus tard encore, Gluck, Wagner ou Nietzsche invoquèrent l'image idéalisée des dramaturges athéniens pour présenter leur propre conception du théâtre musical, voire de l'ensemble de la culture occidentale.

Parfois égalés, mais jamais dépassés, les drames antiques nous sont donc parvenus sans leur musique -- si l'on fait abstraction d'une poignée de fragments mutilés, dont l'interprétation est des plus ardues. Et il revient à l'imagination des artistes des périodes ultérieures de proposer un habillage sonore pour ces joyaux dénudés. Dans cette vaste production, dont l'étude suffirait à remplir de nombreux volumes, on peut distinguer deux grandes catégories d'ouvrages: les opéras, dans leur majorité, sont de véritables adaptations, dont le livret est une interprétation parfois très libre de la matière antique: ainsi, l'Oreste de Gluck, la Clytemnestre de Richard Strauss ou l'Oedipe de Stravinsky semblent souvent nous parler autant de leur propre époque que de la lointaine Antiquité. De l'autre côté, les musiques de scène ont été conçues pour accompagner des reprises du texte original. C'est sur ces dernières, sans doute injustement négligées, que nous nous proposons de nous arrêter un peu. Entre la tentation archéologique et les créations contemporaines les plus radicales, elles balaient un large spectre esthétique, et sont de surcroît intimement liées à la conception que les artistes occidentaux, au fil des différentes périodes de notre histoire, se sont forgée de ces chefs-d'oeuvre immortels de la littérature...

 

Pour lire la suite...

RMSR septembre 2011

La version gratuite de cet article est limitée aux premiers paragraphes.

Vous pouvez commander ce numéro 64/3 (septembre 2011, 64 pages, en couleurs) pour 13 francs suisses + frais de port (pour la Suisse: 2.50 CHF; pour l'Europe: 5 CHF; autres pays: 7 CHF), en nous envoyant vos coordonnées postales à l'adresse suivante (n'oubliez pas de préciser le numéro qui fait l'objet de votre commande):

info@rmsr.ch

(Pour plus d'informations, voir notre page «archives».)

 

Offre spéciale!

Pour quelques francs de plus, offrez-vous une année complète de Revue Musicale! Abonnez-vous à l'essai pour un an, pour seulement 29 francs suisses (frais de port inclus)* au lieu de 42, soit 30% d'économie, et recevez ce numéro en cadeau! Veuillez envoyer vos coordonnées postales à l'adresse suivante, en précisant le numéro que vous souhaitez recevoir en cadeau:

info@rmsr.ch

(* Tarif pour la Suisse, valable seulement pour un nouvel abonné (personne physique uniquement). Tarif pour l'Europe: 44 francs suisses au lieu de 62; reste du monde: 51 francs suisses au lieu de 72.)

(Pour plus d'informations, voir notre page «abonnement».)

 

Retour au sommaire du No. 64/3 (septembre 2011)

 

© Revue Musicale de Suisse Romande
Reproduction interdite

 

Vous êtes sur le site de la  REVUE  MUSICALE  DE  SUISSE  ROMANDE

[ Visite guidée ]   [ Menu principal ]

(page mise à jour le 15 septembre 2011)