Réflexions pour un anniversaire
Philippe Dinkel, directeur de la Haute Ecole de Musique de Genève, évoque pour nous les festivités du 175e anniversaire (propos recueillis par Nancy Rieben et Anya Leveillé).
L'autographe de Pacific 231 d'Arthur Honegger, qui sera joué pour
les
175 ans du Conservatoire de Genève. © Conservatoire de Genève
RMSR. Philippe Dinkel, est-ce que les événements proposés dans le cadre des festivités pour le 175e anniversaire du Conservatoire sont reliés, d'une manière ou d'une autre, à l'histoire de l'institution?
Philippe Dinkel. Oui, en partie. C'est le cas de l'exposition historique et du programme du concert du 16 avril dirigé par Kazuki Yamada: Berlioz était ami du premier directeur, Liszt a enseigné au Conservatoire et le manuscrit de Pacific 231 est arrivé à notre bibliothèque via la collection Ansermet!
Y a-t-il un fil rouge entre les divers événements programmés?
Concilier la mémoire, l'histoire, le patrimoine avec la projection vers le futur, l'ouverture vers l'international et le besoin d'excellence.
Depuis que vous êtes directeur du Conservatoire, quels ont été les changements ayant le plus marqué la vie de l'institution?
La séparation structurelle entre CMG et HEM1 en deux ordres d'enseignement et deux fondations distinctes, ainsi que le processus de Bologne, ont été des tournants majeurs.
Quels changements la section professionnelle a-t-elle notamment subis depuis qu'elle a rejoint la HES-SO?
Outre le processus de Bologne, le passage d'une fondation privée à une institution étatique a été particulièrement lourd et complexe du point de vue administratif. De plus, la reprise de l'enseignement musical professionnel neuchâtelois et le travail en commun avec nos camarades vaudois au sein du Domaine «Musique et arts de la scène» de la HES-SO ont considérablement modifié le panorama romand en matière d'enseignement de la musique. La collaboration avec Lausanne et Neuchâtel est d'ailleurs un bel exemple de collégialité.
Quels sont, selon vous, les principaux atouts de la HEM sur un plan international?
Un passé prestigieux, un corps professoral de premier ordre, son positionnement dans une ville internationale, son réseau, son offre d'enseignement professionnel complète depuis le Moyen Age jusqu'à la musique d'aujourd'hui -- et la lisibilité de ses titres!
Avez-vous le sentiment que la population genevoise est fière de cette institution et des musiciens prestigieux qu'elle a formés ou employés?
L'héritage calviniste fait qu'aujourd'hui encore la relation de Genève aux arts de la scène est ambiguë (on peut mentionner à titre d'exemples la question du financement du Grand Théâtre, ou la difficulté à concevoir une nouvelle salle de concert). Néanmoins, l'importance du soutien des pouvoirs publics et des mécènes démontre que l'éducation et la production musicale (OSR, OCG, Grand Théâtre) sont très significatives pour la population. Les noms de Liszt, de Dalcroze, d'Ansermet font mouche loin à la ronde, et les Genevois le savent bien. C'est aussi dans cet esprit que nous avons voulu un marathon musical ouvert à toute la population les 15 et 16 avril prochains...
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