No. 63/4    décembre 2010

 

Musique et évolution

Musique et évolution

Irène Deliège, Oliver Vitouch et Olivia Ladinig (édd.) : Musique et évolution, Wavre, Mardaga, 2010, 414 p., bibl., ill.

En toute chose, la question des origines fascine. La musique ne fait nullement exception à cette règle, mais force est de reconnaître que les informations disponibles à son sujet sont excessivement faibles et frustrantes. Si l'on met à part quelques flûtes en os retrouvées dans des cavernes magdaléniennes, les documents matériels conservés jusqu'à nos jours sont quasi inexistants. Même la musique des Grecs anciens, réduite à l'état de quelques fragments plus ou moins déchiffrables, disparaît largement dans la brume des temps -- alors que leur peinture, leur architecture, leur sculpture, leur religion ou leur littérature sont assez bien connues. Quelques fresques égyptiennes, quelques bas-reliefs sumériens, nous permettent de voir des flûtes, harpes, lyres ou autres tambourins, tous muets. Au-delà, c'est la nuit noire! Il est pourtant probable, sinon certain, que l'homme a pratiqué une sorte de musique depuis ses mystérieuses origines; la preuve en semble donnée par le fait que tous les peuples aborigènes actuels possèdent des formes de chant ou de musique instrumentale développées, presque toujours intimement liées d'ailleurs aux manifestations sacrées.

Sur ce sujet, nous en sommes donc réduits à des hypothèses et des conjectures, qui porteront forcément la marque de l'esprit de notre propre temps. Alors que les érudits des monastères médiévaux faisaient appel aux (rares) passages de l'Ancien Testament mentionnant des musiciens, l'Occident post-industriel appelle à la rescousse les sciences du vivant, et cela est bien légitime. La bibliographie du présent ouvrage (p. 355-408, plus d'une cinquantaine de pages en petits caractères!) nous permet de prendre la mesure de la somme d'efforts qui ont été déployés dans ce domaine depuis l'âge des pionniers, au XIXe siècle. Deux théories principales avaient alors été émises. La première en date, celle du philosophe Herbert Spencer (1857) cherchait l'origine des inflexions mélodiques musicales dans les cadences de la voix parlée, cadences qui peuvent être interrogatives (montantes), impératives (descendantes) ou simplement neutres. La musique développerait donc ces principes fondamentaux (innés ou acquis?) pour créer ses propres dessins artistiques, dont le contenu émotionnel reposerait sur une base qui lui serait commune avec le langage. Sans doute plus une description qu'une explication, inspirée par ailleurs de Diderot (voir le présent ouvrage, p. 123), la conception de Spencer fut peu après supplantée par celle de Charles Darwin (The Descent of Man, 1871); celle-ci rattache au contraire la musique aux attributs qui (de même que le plumage, les couleurs, les cornes...) permettent aux individus d'attirer leur partenaire sexuel, et de participer ainsi à l'amélioration de l'espèce: les chanteurs les plus créatifs feraient montre d'aptitudes plus inventives, qui témoigneraient de leur intelligence adaptative supérieure, gage de succès pour la future descendance. Cette théorie est toutefois affligée d'un défaut majeur: l'absence remarquable de manifestations comparables à la musique au sein des espèces qui nous sont les plus proches, comme les grands singes.

 

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Revue Musicale de Suisse Romande décembre 2010

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