Verbier et Montreux sous la loupe
par Claudio Poloni
Pour les mélomanes romands, l'été est rythmé par deux rendez-vous incontournables : le festival de Verbier à la mi-juillet puis, dès la fin août, annonçant déjà l'automne, le Septembre Musical de Montreux-Vevey. Au premier abord, tout ou presque sépare les deux manifestations : Verbier se signale avec éclat par une succession d'affiches luxueuses, avec trois à quatre concerts par jour pendant deux semaines, dans une véritable ambiance de festival. Sur la Riviera, le Septembre Musical, qui s'étire sur près d'un mois, adopte un profil plus modeste, avec deux fois moins de concerts, essentiellement le week-end, en une alternance de grandes messes symphoniques et de soirées de musique de chambre. A y regarder de plus près toutefois, les choses sont beaucoup plus nuancées, et la manifestation qui a le vent en poupe n'est peut-être pas celle que l'on croit...
Coïncidence surprenante, un point commun réunit depuis cette année les deux festivals: la présence de Charles Dutoit. Le chef suisse occupe le poste de directeur musical de l'orchestre symphonique du festival de Verbier et dirige les concerts du Royal Philharmonic Orchestra de Londres, formation en résidence à Montreux. Si, durant de nombreuses années, Dutoit a développé l'essentiel de sa carrière à l'étranger, il comble désormais son retard en se produisant régulièrement dans son pays natal.
Commençons notre analyse par Verbier: si, quinze ans après son lancement, le festival continue de pouvoir s'offrir, édition après édition, un véritable feu d'artifice de stars, grâce au carnet d'adresses de son directeur Martin Engstroem, ancien responsable du label Deutsche Grammophon, la succession de concerts prestigieux ne doit pas faire oublier que le rendez-vous valaisan a senti le vent du boulet. Peu avant l'ouverture de l'édition 2008 en effet, UBS -- sponsor de l'orchestre symphonique formé de jeunes musiciens du monde entier, colonne vertébrale du festival -- annonçait son intention de ne pas prolonger son contrat, véritable coup de tonnerre dans un ciel jusqu'ici serein. Si la banque n'a jamais communiqué le montant de son soutien, diverses sources concordent pour évoquer un chiffre de dix millions de francs par année, soit 100 millions au total, ce qui n'est pas rien! Tirant la sonnette d'alarme, les responsables du festival ont réussi à convaincre la Commune de Bagnes et le Canton du Valais de venir à la rescousse, les deux collectivités publiques mettant sur la table un montant, qui, complété par des contributions de fondations privées et de mécènes, s'élève à près d'un million et demi de francs. A Verbier, on a bien sûr poussé un grand ouf de soulagement, même si la différence par rapport au soutien de l'UBS est énorme...
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