Le rêve de verre du
Conservatoire de Neuchâtel
par Alain Corbellari
En ville de Neuchâtel, le nouveau bâtiment du Conservatoire (partagé avec la Haute Ecole de Gestion de l'Arc jurassien) aura coûté 47 millions de francs, pour quatre ans de travaux. Conçu selon les normes écologiques «Minergie», il est l'oeuvre du collectif Bauart Architectes et Urbanistes SA, et accueille d'ores et déjà 1'700 étudiants, dont 1'000 jeunes musiciens. A proximité seront encore construites une école d'ingénieurs et une école pour travailleurs du domaine de la santé (photo © dr).
Depuis que «le ciel leur est tombé sur la tête», à savoir depuis que leurs classes professionnelles ont failli disparaître, en 2005, les professeurs du Conservatoire Cantonal de Neuchâtel n'ont pas chômé pour sauver leur institution. Les locaux flambant neufs qui viennent de leur être accordés en ville de Neuchâtel emblématisent une reconnaissance décisive de leur travail. Mais si l'essentiel est préservé, certains sacrifices n'ont pu être évités: ainsi, précédemment proposé aussi bien à La Chaux-de-Fonds qu'à Neuchâtel, l'enseignement professionnel est désormais entièrement concentré sur la capitale cantonale, sous la direction de René Michon, et dépendant administrativement de la Haute Ecole de Musique genevoise. Quant aux filières non professionnelles, dirigées par François Hotz, elles continuent à se répartir sur l'ensemble du Canton. Tous sont néanmoins d'accord sur un point: le chapitre qui s'ouvre promet d'être passionnant! (réd.)
Jusqu'à ce printemps, le Conservatoire de Neuchâtel était abrité dans une charmante mais terriblement exiguë villa XIXe. On avait beau avoir construit une annexe juste à côté et avoir multiplié les antennes délocalisées, le bâtiment, de surcroît mal insonorisé, craquait de toutes parts. Passée la crainte d'un démantèlement complet de l'institution, désormais chapeautée par la Haute Ecole de Musique de Genève, il était de toute nécessité de trouver enfin une solution durable. C'est désormais chose faite dans un bâtiment d'un modernisme sans concession sis à deux pas de l'Office Fédéral des Statistiques, dans le quartier de la gare, encore partiellement en construction. «Oui, c'est un peu l'horreur maintenant», nous dit François Hotz, «mais tout sera terminé en 2011, et la Haute Ecole ARC [Haute Ecole de l'Arc jurassien, ndlr] viendra donner à tout ce quartier une visibilité extraordinaire». Déjà de hautes verrières offrent des perspectives imprenables sur les hauteurs de Neuchâtel et cet «Espace de l'Europe» est destiné à devenir l'une des attractions phares de la ville.
Les murs sont encore un peu nus, mais les couloirs bruissent de musique, tout le bâtiment étant conçu pour que l'on n'entende rien d'une salle à l'autre, mais que les corridors puissent résonner de tous les échos des leçons en cours. François Hotz rêve que les esprits, encore un peu compartimentés, en viennent à se rencontrer davantage, «que les gens se parlent et trouvent des territoires communs»...
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