No. 62/4    décembre 2009

 

Conservatoires romands

La révolution «HEM»

par Vincent Arlettaz

Conservatoire de Lausanne

 

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Les temps changent: le Conservatoire de Lausanne, rue de la Grotte, est désormais le centre névralgique d'une institution de type universitaire, répartie sur quatre sites, et dédiée à la transmission des savoirs en musique classique et en jazz, contrepoids à son homologue la Haute Ecole de Musique genevoise (photo © alpha design).


Depuis des décennies, les conservatoires romands consacrent des moyens importants à la formation des jeunes musiciens professionnels; bien que louables, ces efforts sont restés longtemps dispersés, soutenus qu'ils étaient essentiellement par les cantons, aidés le cas échéant par les villes. Souvent de grande qualité, l'offre de cours n'évitait pas une certaine redondance, avec pas moins de six conservatoires professionnels sur l'ensemble de la Suisse romande: un luxe difficile à maintenir à long terme pour une région qui ne comptait alors guère plus d'un million et demi d'habitants! Plus grave, la reconnaissance des titres délivrés posait problème: en l'absence de convention fédérale, les conservatoires étaient contraints à statuer de cas en cas; malgré certains progrès réalisés à l'approche de l'an 2000, il n'était pas rare que des études entamées à Neuchâtel doivent être recommencées à zéro en arrivant à Lausanne ou à Fribourg. Un règlement global, une homogénéisation au niveau national devenaient urgents. Enfin, au-delà de cette reconnaissance, c'est à une participation financière de la Confédération que pensaient dès cet instant les différents intervenants. Tels sont les ingrédients qui, dès l'origine, entraient dans la composition de ces fameuses «Hautes Ecoles de Musique», dont il est question depuis plus de dix ans maintenant. Après d'âpres négociations, la chose était à peine en place lorsque vint s'ajouter la non moins célèbre «déclaration de Bologne», portant sur la reconnaissance internationale des titres d'éducation supérieure. Deux phénomènes en soi indépendants, mais qui, par un hasard du calendrier, se sont enchaînés, dans le cas particulier de la musique. De sorte que nos conservatoires sont passés sans intermédiaire d'une reconnaissance cantonale à une reconnaissance internationale, comme un corps qui serait passé de l'état solide à l'état gazeux sans passer par l'état liquide -- un processus connu par les chimistes sous le terme de «sublimation». Faut-il voir dans un tel vocable un signe de bon augure pour nos écoles de musique, appelées désormais à se surpasser? Au-delà du jeu de mots, la situation actuelle a de quoi ravir et couper le souffle à bien des égards?


Historique: les Hautes Ecoles Spécialisées («HES»)

Le premier problème, pour un règlement global de la question de la reconnaissance des titres, était de savoir à quoi rattacher les écoles de musique: dans le contexte suisse, connu comme «système dual», il existe deux filières différentes de formation, tous domaines confondus: la première passe par un apprentissage en entreprise, complété ultérieurement selon les cas par une maturité professionnelle, puis par une formation dans une école technique, débouchant sur un diplôme d'ingénieur; précédemment appelées «Technicum» ou «ETS» (Ecole Technique Supérieure), ces écoles d'ingénieurs issus de la maturité professionnelle portent désormais le titre de «Haute Ecole Spécialisée» (HES). L'autre voie est celle qui, de la maturité gymnasiale ou du baccalauréat, accède à l'Université ou aux deux hautes écoles nationales de sciences, dites «Ecoles Polytechniques Fédérales» (à Lausanne et à Zurich). Comme on le voit, les écoles d'art n'entrent dans aucune de ces deux catégories: elles dispensent certes un enseignement théorique (dans le cas des Conservatoires: histoire de la musique, écriture, analyse...), mais reposent essentiellement sur la transmission d'un savoir pratique (l'interprétation musicale), qui n'est pas de nature intellectuelle et théorique. A défaut de pouvoir créer une troisième catégorie pour elles, il a fallu trouver à laquelle des deux filières il était plus opportun de les rattacher -- un exercice qui n'a rien de facile; et de fait, plusieurs tentatives ont été nécessaires avant d'aboutir à un résultat concret.

Premier acte: lorsque les écoles techniques se mirent en réseau, au cours des années 1990, l'idée a germé d'y rattacher le domaine des arts. Parmi les directeurs de conservatoires romands actuellement en fonction, seul le genevois Philippe Dinkel était déjà aux affaires à cette époque; il se trouve donc seul à avoir suivi l'ensemble du processus; reconnaissant qu'il n'aurait jamais imaginé que la chose prît autant de temps, il n'avait pas pensé non plus que le résultat final inclurait la reconnaissance internationale des titres, une plus-value considérable à ses yeux. Cela étant, la première mouture du projet, vers la fin des années 1990, prévoyait (de manière ambitieuse) la mise en réseau de toutes les écoles d'art au niveau romand, y compris les écoles de beaux-arts et d'art dramatique; pilotée par le Valaisan Jean-Jacques Zuber, sur mandat des conseillers d'Etat romands en charge de l'instruction publique (CDIP), cette première tentative se brisa toutefois sur des difficultés d'ordre politique.

Dans les années suivantes, une deuxième version un peu différente devait voir le jour; elle prévoyait le rattachement des Conservatoires de Fribourg et de Neuchâtel à la Haute Ecole de Musique bernoise; l'idée était alors de créer une région «Mittelland» forte, à laquelle aurait fait écho une entité lémanique de poids égal, constituée par les Conservatoires de Genève, Lausanne, et Sion; à ce stade, la musique et les autres arts avaient déjà été dissociés. Ce qui n'empêcha pas le projet, une fois finalisé, d'être archivé dans un tiroir d'où il ne devait plus jamais ressortir. Fin du deuxième acte.

La troisième tentative aura été la bonne...

 

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RMSR décembre 2009

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