Olivier Messiaen
musicien du merveilleux
par Aurélie Allain
«J'ai voulu exprimer le merveilleux de la Foi.
Je ne dis pas que j'y suis parvenu, car
c'est finalement inexprimable.»Olivier Messiaen
Compositeur, organiste, «ornithologue et rythmicien», Olivier Messiaen est aussi un musicien du merveilleux au sens étymologique du mot latin mirare qui signifie «s'étonner». L'ensemble de son oeuvre exprime la puissance mystérieuse de l'expérience religieuse. Ce caractère de puissance, intrinsèquement magique, traduit le sentiment du mirum, de l'étonnement qui provoque la stupeur devant une réalité transcendante. Transcender signifie dépasser. La réalité des phénomènes religieux outrepasse toute vérité. Elle est au-delà de toute représentation, car l'essence même de la religion est d'être en relation avec le sacré. Donné irréductible, le sacré est lié à une structure émotionnelle: «le sentiment du mysterium tremendum, du mystère qui fait frissonner». Le mysterium peut être défini à partir des éléments du tremendum et du fascinans. L'élément du tremendum traduit un sentiment d'effroi mystique qui provoque comme réaction l'effacement et l'anéantissement de l'être. L'élément du fascinans, au contraire, exerce un attrait particulier. Ce sentiment ambivalent d'effroi et de fascination représente l'expérience du divin.
Le sens du sacré imprègne l'oeuvre d'Olivier Messiaen d'une dimension autre qui trahit la présence du merveilleux. L'influence de Stravinsky est perceptible dans l'élaboration de cette conception sacrale de la musique. L'analyse de la partition du Sacre du Printemps où confluent l'excès et la violence, la gravité et le respect, ébranle l'imagination d'Olivier Messiaen. L'oeuvre, en donnant priorité au rythme, accède à l'expérience du sacré...
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