No. 55/4    décembre 2002

 

Portrait

Michael Jarrell

par Antoine Pecqueur

 

A quelques pas du Parlement européen, Michael Jarrell, compositeur suisse, naturalisé autrichien et vivant en France, nous reçoit dans son domicile strasbourgeois. Situé dans un quartier où les mots du poète «luxe, calme et volupté» prennent tout leur sens, la maison où vit la famille Jarrell témoigne de la réussite sociale incontestable du compositeur genevois. «Le fossé entre les compositeurs officiels et l'avant-garde est aujourd'hui bien moins important qu'il y a vingt ans», concède d'ailleurs Michael Jarrell, dont l'esthétisme, aussi particulier soit-il, est reconnu par le monde musical. Michael Jarrell se dit néanmoins «énervé» en raison de certains facteurs liés à l'exécution, dans la soirée, de l'une de ses oeuvres. Essaims-Cribles, pour clarinette basse et ensemble instrumental, sera en effet donné à Strasbourg dans le cadre de Musica, l'un des plus importants festivals de musique contemporaine du moment. Le créateur semble alors ressentir le trac de l'interprète, même si, et c'est à la fois remarquable et intriguant, Michael Jarrell ne dévoile pas physiquement son énervement. Un indice sur sa nature même, qui se joue des paradoxes, et se découvre par bribes au gré des anecdotes ou des «accidents» qui ont jalonné son itinéraire.

 

«Je me sens suisse»

Né en 1958, Michael Jarrell garde le souvenir d'une enfance heureuse passée dans ce qui était alors pour lui «un petit paradis»: la Suisse. La relation qu'il entretient avec son pays natal n'est pas évidente. «Je me sens suisse», affirme-t-il sans détours en évoquant en référence certains compatriotes tels Tinguely, Giacometti ou Le Corbusier, dont il se sent incontestablement proche. Mais Jarrell regrette que «la Suisse romande vive à l'ombre de Paris, tout comme la partie alémanique par rapport aux pays germaniques et plus encore le Tessin par rapport à l'Italie». La justesse de son analyse tient sans doute au cosmopolitisme de son parcours. Avant de partir étudier avec Klaus Huber à Freiburg, Jarrell a fréquenté le Conservatoire Populaire de Genève. Un choix iconoclaste qu'il justifie en invoquant l'«archaïsme» du Conservatoire Supérieur dans les années 70. Son professeur de composition, Eric Gaudibert, se souvient d'un étudiant qui «se faisait remarquer par sa personnalité» et se rappelle notamment de l'une de ses partitions, de style espagnol, «sans altérations»! Le compositeur veveysan évoque encore ces «années économiquement fastes» qui lui ont permis de créer nombre de disciplines originales, parmi lesquelles l'improvisation de groupe...

 

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