No. 78/3   septembre 2025

 

Le plus suisse des

Basques

Georges Masson, Sortie de procession à Ciboure, 1923

Georges Masson (1875-1949): ‘Sortie de procession à Ciboure' (1923), Bayonne, Musée basque. Ce tableau représente l'église Saint-Vincent, où Maurice Ravel a été baptisé © dr

 

La maison natale de Maurice Ravel (1875-1937), à Ciboure dans le département des Pyrénées-Atlantiques, est située sur un quai, au bord d'un paisible port de pêche. Sur l'autre rive, à quelques dizaines de mètres de là, Saint-Jean-de-Luz vous regarde, avec ses places agrémentées de platanes, son église du XVIIe siècle et, un peu plus loin, sa digue au-delà de laquelle s'étendent de vastes plages, face à l'Atlantique. Celle qui n'était encore qu'une modeste bourgade de province en 1875 est aujourd'hui devenue une destination balnéaire prisée, aux ruelles encombrées de hordes de touristes à la belle saison. Maurice Ravel, dans un premier temps, n'y demeura que quelques mois: la tradition voulait que le premier-né, dans une famille d'ascendance basque, naisse au pays de ses aïeux; sa mère, Marie Delouart, fut donc accueillie pour un temps par sa soeur, concierge à Ciboure; elle s'en retourna toutefois bien vite à Paris, où l'enfant grandit. Ce n'est qu'à la vingtaine passée que le compositeur s'intéressa véritablement à ses racines méridionales, et noua des liens étroits avec la terre de ses ancêtres maternels. Il tendait ainsi à occulter l'autre moitié de son arbre généalogique, qui le rattachait à Versoix et à Collonges-sous-Salève -- tous deux près de Genève -- où son père, ingénieur, et son grand-père, boulanger, étaient nés.

L'image que nous avons aujourd'hui de Ravel -- grâce au Boléro, à la Rapsodie espagnole ou à l'Alborada del gracioso -- est sans doute celle d'un compositeur profondément représentatif de l'identité française, avec toutefois une touche d'exotisme, tendant du côté de la Péninsule ibérique et de sa lumière. Lui-même pourtant a souvent exprimé sa passion pour la mécanique, affirmant même que le Boléro lui avait été inspiré par la visite d'une usine. Igor Stravinsky ne l'appelait-il pas l'«horloger suisse»? Il rendait par là justice à un autre aspect de la créativité de l'auteur de Daphnis et Chloé: un amour de la perfection technique que peu de musiciens auront possédé à un tel degré. Ajoutez-y l'impressionnisme, triomphant à l'époque de ses débuts, et vous aurez une image assez complète de la personnalité artistique de Maurice Ravel -- le plus suisse des Basques, né il y a tout juste un siècle et demi.

Vincent Arlettaz

 

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RMSR septembre 2025

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