Les Archives Musicales vaudoises relogées à Dorigny Par Bénédicte Gandois © Fruehauf, Henry et Viladoms (Image de synthèse)
Créé au début des années 1980, le site principal de la Bibliothèque Cantonale et Universitaire vaudoise, situé sur le campus de Dorigny, au bord du lac Léman dans l'ouest lausannois, vient de connaître une profonde mutation, qui l'a vu doubler de volume (ill.). Les Archives Musicales vaudoises, un des principaux fonds patrimoniaux de Suisse romande, jusqu'ici conservées sur le site de la Riponne, au centre-ville, y seront relogées dès la fin de l'année 2025. C'est en 1971 que naissent les Archives Musicales de la Bibliothèque Cantonale et Universitaire (BCU) vaudoise, lorsque le fonds du compositeur suisse Hans Haug (1900-1967) est confié à son département de musicologie. Année après année, elles s'enrichissent des legs de nombreux musiciens suisses -- également d'autres cantons, car peu d'institutions helvétiques prennent en charge la sauvegarde de fonds musicaux. A ce jour, les Archives Musicales vaudoises comptent environ 180 fonds, constitués d'autographes de compositeurs, de partitions annotées par des interprètes, d'esquisses, de correspondances, d'affiches, coupures de presse, programmes de concerts, et bien d'autres éléments disparates, demandant un véritable travail de fourmi, extrêmement chronophage, pour conditionner et répertorier chaque élément. Précisons que les documents sonores sont conservés, pour leur part, à la Phonothèque Nationale de Lugano; il s'agit dès lors de créer des liens entre les documents sonores et les archives papier que l'on retrouve sur la base de données «Patrinum» de la BCU vaudoise. Parmi ces archives, outre le fonds Clara Haskil, citons celui du célèbre groupe de jazz lausannois «BBFC», le fonds Otto Held (directeur de la fanfare de la Police Cantonale, riche de pièces de musique folklorique parfois très anciennes, remontant au XVIIIe siècle pour certaines), le très ancien fonds Henri Plumhof, les archives d'Albert Jeanneret (frère du Corbusier), celles de la cantatrice Lydia Opienska-Barblan (l'une des rares compositrices ici représentées) ou encore du chef d'orchestre Karl Anton Rickenbacher (1940-2014). Bref, en cinquante-cinq ans, c'est plus d'un kilomètre linéaire de documents qui repose, rangé au mieux, dans les sous-sols du site de la Riponne de la BCU. Et grâce aux nouveaux espaces récemment créés à Dorigny, le service se prépare à accueillir plusieurs nouvelles donations, comme celle du pianiste et «performer» Jacques Demierre, ou celle du chanteur et pédagogue Eric Tappy. Verena Monnier, responsable des Archives musicales, et Ramona Fritschi, responsable du Service des manuscrits, réalisant qu'un certain nombre de procédures étaient entreprises à double, et que les archives n'ont ni les mêmes besoins, ni le même fonctionnement que les autres services de la bibliothèque, ont eu l'idée de réunir leurs collections en un seul lieu. Leur collaboration aboutit à la création d'un service consacré au patrimoine réunissant, depuis deux ans, les Archives Musicales, le Service des Manuscrits, l'Iconopôle et la Réserve précieuse. En résulte un véritable pôle consacré à la sauvegarde et la mise en valeur de notre patrimoine. La base de données commune «Patrinum» est née de cette collaboration; côté musique, celle-ci compte actuellement environ 1'600 partitions numérisées -- ce qui ne représente qu'un faible pourcentage du matériel conservé aux Archives. Le transfert de la collection dans son nouveau pôle de conservation devrait permettre une avancée rapide de ces digitalisations. Il s'agit désormais de réfléchir au déménagement des Archives Musicales sur le site «Unithèque» de Dorigny (ill.), dans une vaste réserve climatisée, associée à un local d'arrivage et à un local de quarantaine permettant de traiter les fonds, de restaurer des pièces fragiles, avant leur dépôt dans des boîtes classées et triées, dotées de codes-barres, sur des étagères qui pourront à terme accueillir le double du volume que comportent actuellement les Archives Musicales. La pérennité de ces dernières sera ainsi consolidée, et le travail des chercheurs facilité -- ceux-ci disposeront en effet d'une salle de consultation située à proximité. Depuis deux ans, Verena Monnier et son équipe ont ouvert et contrôlé 3'750 cartons, désormais munis d'un code-barre; leur contenu a été vérifié et, si nécessaire, reconditionné. Ce travail aura permis de séparer les documents à restaurer, de s'assurer de l'état général de la collection... et de faire quelques belles découvertes, comme celle de magnifiques dessins de costumes scéniques. Après une longue préparation, le déménagement devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. C'est un véritable pas en avant qui s'effectue actuellement pour la conservation et la mise en valeur des fonds d'archives de la BCU. Et la base de données «Patrinum» est appelée à s'enrichir rapidement de découvertes et autres documents numérisés -- n'hésitez pas à la consulter: vous serez sans doute surpris par sa richesse... (www.patrinum.ch). Bénédicte Gandois
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(page mise à jour le 11 octobre 2025)