L'histoire du Major Davel
à l'opéra de Lausanne
Par Claudio Poloni
© Jean-Guy Python
Le moins que l'on puisse dire est que la création d'un opéra n'est pas chose courante... C'est pourtant ce qui vient de se produire à Lausanne, où a été monté Davel, sur un livret de René Zahnd et une musique de Christian Favre. L'idée d'un ouvrage lyrique sur le célèbre major vaudois revient à Eric Vigié, directeur de l'Opéra de Lausanne: «L'après-midi de ma nomination (ndlr: en juin 2004), je suis allé chez un libraire pour acheter tous les ouvrages disponibles sur l'histoire du Canton de Vaud. Etant féru de biographies, il était important pour moi de mieux connaitre ce personnage.» La création est programmée pour mai 2020, de manière à la faire coïncider avec le 350e anniversaire de la naissance du célèbre major -- mais la pandémie, bien sûr, va passer par là, et le spectacle sera finalement repoussé à février 2023, qui marque cette fois le 300e anniversaire de la décapitation du major, survenue le 24 avril 1723.
Une fois son idée arrêtée, Eric Vigié se met à la recherche d'un compositeur et d'un librettiste: «Le Requiem de Christian Favre m'a paru essentiel pour passer d'une composition sacrée importante à la réalisation d'un spectacle lyrique. Je me suis ensuite tourné vers René Zahnd, que je connais bien et qui a une grande expérience d'écriture. Les deux maîtres d'oeuvre réunis, il a fallu définir une ligne de conduite dramaturgique pour offrir à cette histoire un intérêt théâtral, sans tomber dans des travers trop folkloriques.» C'est finalement le metteur en scène Gianni Schneider qui sera choisi: «Un sujet vaudois réalisé par trois Vaudois, sur une idée d'un Français», note non sans humour Christian Favre; et il s'agit d'un baptême lyrique pour tous les trois.
Christian Favre
Après un premier contact en 2008, René Zahnd et Christian Favre se mettent au travail en 2017. Les rencontres sont alors régulières; plusieurs versions du livret sont élaborées, la troisième étant la bonne -- une version qui, contrairement aux deux précédentes, chronologiques, commence par la fin (Davel est enfermé dans son cachot) et retrace l'intrigue au moyen de «flash-back». Une fois le livret définitif validé, Christian Favre se lance dans l'écriture de la partition: «Je connaissais peu l'histoire de Davel. J'ai découvert un homme croyant, qui répétera inlassablement durant ses interrogatoires que ses actes lui avaient été inspirés par Dieu. Je souhaitais aussi des voix féminines -- j'ai donc intégré la 'Belle Inconnue', une femme qui n'a peut-être existé que dans l'esprit de Davel, mais dont celui-ci a beaucoup parlé. Il s'agit d'un personnage lumineux, apportant poésie et tendresse...»
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