No. 71/2    juin 2018

 

Numéro spécial 70 ans

Musique et Peinture (I)

Par Vincent Arlettaz

Trois musiciennes, tombes de Thèbes, v. 1422-14111 av. J.C.

TROIS MUSICIENNES. Thèbes (Egypte), tombe de Nakht (N° 52), XVIIIe dynastie
(vers 1422-1411 av. J.-C.). Arpag Mekhitarian: 'La peinture égyptienne',
Genève, Skira, 1978, p. 33-35, 162.

 

La musique des Egyptiens est, historiquement, la plus ancienne qui nous soit relativement bien connue -- non pas en elle-même, car aucun morceau ni aucun traité théorique ne nous ont été conservés, mais par le témoignage sublime de l'iconographie. Si le climat très sec a permis que quelques instruments soient préservés (notamment des harpes, des flûtes, et surtout des percussions), il est malheureusement très difficile d'en tirer des informations précises sur la nature des gammes utilisées; en revanche, de nombreux tombeaux de rois, de hauts dignitaires ou de bourgeois sont ornés de bas-reliefs, voire de fresques multicolores, où des musiciens sont assez souvent représentés; et leur concert silencieux nous invite à remonter le temps.

Les quelque trois millénaires qu'a duré la civilisation pharaonique sont relativement homogènes du point de vue artistique, en raison du conservatisme religieux extrême qui présidait alors aux destinées des expressions culturelles; néanmoins, l'instrumentarium varie un peu selon les périodes, notamment tardivement, sous l'influence des civilisations du Proche-Orient. La fresque ci-contre, datant de la XVIIIe dynastie (v. 1422-1411 av. J.-C.), nous en propose un échantillon assez représentatif. La harpe jouée ici est caractéristique de la forme arquée traditionnelle, héritée de l'Ancien Empire (v. 2575-2134 av. J.-C.). Au milieu, le luth, très proche de modèles actuellement en usage en Afrique noire, a été introduit sous le Nouvel Empire (v. 1550-1070 av. J.-C.) -- de même que la lyre, qui n'apparaît pas ici. Mais le plus mystérieux reste l'instrument à vent tout à gauche: ses tubes longs et fins sont joués tous deux par les deux mains, dont la position n'est pas symétrique, et qui semblent donc permettre des gammes diatoniques complètes; l'étroitesse des tuyaux, et le fait que l'instrument soit double, excluent qu'il s'agisse de flûtes obliques, pratiquement impossibles à jouer par paire; la tenue des lèvres, et l'aisance avec laquelle l'artiste prélude, suggèreraient une anche simple (de type clarinette) plutôt qu'une anche double (hautbois), qui appellerait davantage de pression; on retrouve d'ailleurs le principe sonore de l'anche simple dans certaines musiques populaires actuelles d'Inde ou du Proche-Orient, y compris sous forme d'un instrument à deux tuyaux.
 

Robert Anderson: «Egypt, Arab Republic of. §1. Ancient music», in: The New Grove Dictionary of Music & Musicians (2001), t. 8, p. 1-7.

 

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RMSR juin 2018

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(page mise à jour le 21 juillet 2018)