No. 71/2    juin 2018

 

Les HEM romandes dans la tourmente (II)

Par Vincent Arlettaz

 

Dans notre numéro de décembre 2017, nous avions proposé une longue analyse des difficultés actuelles des Hautes Ecoles de Musique romandes, confrontées depuis peu à divers problèmes de financement ou de gouvernance. Au cours des six mois écoulés depuis lors, la situation a évolué: la crise n'est pas encore surmontée (loin s'en faut), mais ses tenants et aboutissants se sont quelque peu clarifiés. Et si des solutions définitives ne sont à attendre qu'à l'horizon d'un an ou deux, la grande nouveauté actuelle (j'allais oser le mot «révolution») réside dans le débat qui a été lancé autour de l'utilité de la formation musicale professionnelle dans notre pays; et au-delà, bien sûr, autour de la place de la culture dans notre société. Hélas, les constats sont alarmants: les musiciens ont intérêt à réagir vite, s'ils entendent convaincre leurs concitoyens de l'importance fondamentale de leur art et de son enseignement.
 

A Lausanne, où l'action du directeur général Hervé Klopfenstein était contestée, on aurait pu s'attendre à ce que la démission de ce dernier, à l'échéance de son contrat à la fin 2018, calme définitivement les esprits. Il n'en a hélas rien été, et les altercations ont continué de plus belle, avec notamment, en mars 2018, la parution de nouveaux articles incendiaires dans la presse. Ce développement peu compréhensible a déclenché une réaction vigoureuse de la part des autorités subventionnantes, qui plaçaient aussitôt l'institution sous tutelle, démettant l'ensemble de ses instances dirigeantes, à savoir le directeur général et le Conseil de Fondation. Guidée par des personnalités nommées par le politique, l'HEMU va donc devoir (probablement dans l'année qui vient) procéder à un renouvellement substantiel de ses cadres, décimés par des démissions à répétition. Et surtout, le sujet sera désormais de pacifier l'institution. Celle-ci a certes subi une attaque de milieux extérieurs qui, sans qu'on puisse véritablement en saisir les raisons, ne lui voulaient fondamentalement pas de bien; mais il serait très faux de se voiler la face: il semble désormais clair que l'école souffre également de dissensions internes sérieuses. Une réflexion de tous et de chacun s'avère désormais incontournable.

 

La musique affaiblie

En effet, il faut bien le constater: nos institutions musicales ressortent affaiblies de l'affaire, donnant même, pour l'observateur extérieur, l'image d'un milieu miné par les dysfonctionnements et les rivalités -- ce qui est certainement moins vrai que pour la plupart des grandes entreprises, des partis politiques ou même des administrations publiques dans notre pays. De là à imaginer que ces mêmes institutions musicales sont en ce moment victimes de menées qui leur sont hostiles, et qui chercheraient à les discréditer dans un but inexplicable, il n'y a qu'un pas... que nous ne franchirons pas, du moins pas pour le moment. Ce qui nous intéresse est l'avenir: redresser la barre sera le travail de tous, pour plusieurs années sans doute. Et un peu étrangement, ce combat va converger avec celui qui, simultanément, a été lancé du côté de Neuchâtel. Jusqu'ici, nous avions pensé que les deux problèmes étaient entièrement distincts, et que seuls les hasards du calendrier les avaient fait coïncider; nous n'en sommes plus si sûr aujourd'hui.

 

Neuchâtel: la dernière chance

Car si les difficultés actuelles de l'HEMU appartiennent certainement au domaine du surmontable, la situation de la Haute Ecole de Neuchâtel semble nettement plus délicate. Rappelons qu'en décembre 2017, le Conseil d'Etat annonçait son intention de fermer l'établissement, dans l'espoir de réaliser 2,2 millions de francs d'économies par année. Cette décision avait provoqué une impressionnante vague de mobilisation: en très peu de temps, une pétition sur internet récoltait 25'000 signatures; de nombreux articles dans la presse, plusieurs émissions de radio et même quelques interventions remarquées au journal télévisé national mettaient subitement en pleine lumière les musiciens et leurs écoles, d'une manière qui n'a peut-être pas de précédent en Suisse romande...

 

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RMSR juin 2018

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(page mise à jour le 21 juillet 2018)