No. 70/3    septembre 2017

 

Le Festival de Bregenz

Par Claudio Poloni

 

La paisible bourgade de Bregenz, sur la rive autrichienne du lac de Constance, sort de sa torpeur un mois par année, de la mi-juillet à la mi-août. Chaque été, une production d'opéra spectaculaire, donnée sur une scène construite sur l'eau, attire les foules. Et les spectateurs (près de sept mille chaque soir!) viennent de loin à la ronde -- essentiellement d'Autriche, d'Allemagne et de Suisse.

 

La scène lacustre, comme on l'appelle ici (Seebühne), est soutenue par quelque trois cents pilotis dressés dans le lac. Les décors, les costumes et autres installations résistent à l'eau: c'est une condition sine qua non pour pouvoir présenter tous les soirs ou presque, un mois durant, un spectacle en plein air dans un lieu où la pluie est fréquente, même en plein été. En cas d'averse, les spectateurs enfilent leur imperméable sans broncher, tandis que chanteurs, choristes et figurants affrontent les éléments tant bien que mal, avec beaucoup de stoïcisme! Ici, les soirées ne sont interrompues qu'en cas de déluge... Seul l'orchestre est à l'abri, dans une salle se trouvant derrière les spectateurs. Les musiciens et les chanteurs sont sonorisés: 80 haut-parleurs sont dissimulés dans les éléments du décor, et près de 800 autres sont disséminés dans les tribunes où s'installe le public. Sonorisation d'excellente qualité au demeurant, même si elle ne permet pas de juger de la puissance des voix, puisque le volume sonore de chaque interprète est harmonisé au même niveau. Lorsque exceptionnellement la technique flanche et que la sonorisation s'arrête brusquement, quelques minutes durant, on se rend compte à quel point les voix -- qu'on entend alors à peine -- sont peu de chose dans cet environnement où rien ne porte naturellement le son.

 

Une Carmen lacustre

Dans ces conditions, on comprend que le public vient à Bregenz davantage pour l'aspect visuel du spectacle que pour l'aspect musical. Chaque mise en scène s'efforce d'intégrer autant que possible l'eau, omniprésente ici, qui devient un élément essentiel de la représentation; et le résultat est très souvent spectaculaire: cette année par exemple, c'est Carmen qui était au programme. Au premier acte, les cigarières qui sortaient de l'usine portaient des seaux qu'elles remplissaient pour se rafraîchir; à la fin de l'acte, Carmen n'a pas hésité à se jeter dans le lac pour échapper à la prison! Pendant «l'air des tringles», des figurants et des danseurs barbotaient dans l'eau jusqu'à la ceinture; au troisième acte, c'est à bord d'une barque qu'Escamillo rejoignait les contrebandiers; et à la fin de l'ouvrage, Carmen mourait non pas poignardée, mais.... noyée!

 

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Revue Musicale de Suisse Romande / Maurice Ravel

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(page mise à jour le 19 octobre 2017)