No. 69/2    juin 2016

Harnoncourt

par lui-même

Par Myriam Tétaz-Gramegna

 

L'important, c'est que la musique vive, rappelait avec insistance celui qui a renouvelé l'interprétation de la musique baroque, mais ne s'est jamais limité à cette période, et abhorrait le fétichisme de l'authenticité.

 

A 86 ans, le 5 décembre 2015, Johann Nikolaus, comte de La Fontaine et d'Harnoncourt-Unverzagt, décidait de mettre fin à sa carrière de chef d'orchestre; on devait apprendre sa mort trois mois plus tard. Viennois de coeur, il avait en fait, par son père, des origines lorraines d'émigrés huguenots, et descendait directement, par sa mère, de François Ier du Saint-Empire. Grand, mince, le visage extrêmement mobile et expressif, le regard fascinant, il parlait musique avec passion; cette même passion qu'il mettait à la diriger et qu'on pouvait lire alors sur son visage. C'est à Hohenems en 1988 que je l'ai rencontré pour la première fois. Il y dirigeait la Missa solemnis de Beethoven.
On a voulu classer Harnoncourt comme spécialiste -- un mot qu'il détestait -- de la musique baroque. Mais il en a dérouté plus d'un lorsqu'on l'a vu prendre la tête d'orchestres comme le Concertgebouw, Berlin, Vienne (entre autres pour le fameux Concert du Nouvel-An en 2001) ou enregistrer une intégrale des symphonies de Beethoven avec l'Orchestre de Chambre d'Europe; de même lorsqu'il s'est mis à diriger Verdi, Schubert, Schumann, Brahms, Bruckner, Strauss, Dvo?ák, Bartók, Berg, Berio, mais aussi Offenbach et même Porgy and Bess de Gershwin en 2009!

 

Une vocation tardive

Né le 6 décembre 1929 à Berlin, Harnoncourt grandit à Graz, où ses parents déménagent pour des raisons professionnelles, alors qu'il avait deux ans. Il commence le violoncelle à dix ans, apprenant à jouer sans pique avec un professeur de l'ancienne école: «La pique fait du plancher une caisse de résonance, or le plancher est rarement aussi bon qu'un Stradivarius, disait mon maître!» «Mais (ajoute le chef) je sais aussi jouer avec pique!» Harnoncourt pratiquera assidûment la musique en famille, sans pour autant songer à une carrière musicale. «Je jouais alors surtout Beethoven, très peu Mozart, beaucoup Schubert, Brahms et Strauss, et j'adorais Grieg. Ma sonate préférée était celle de Richard Strauss. Mon intérêt principal cependant était pour la sculpture, l'architecture, le théâtre, la peinture. J'ai toujours été plutôt un visuel. Alors que, chose étrange, je n'ai pas une mémoire visuelle des partitions, mais une mémoire acoustique. Il est vrai pourtant que ma direction joue sur le visuel; c'est ce que les musiciens remarquent le mieux, comprennent le mieux. Si vous leur donnez une indication visuelle, ils ne l'oublient pas.»...

 

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RMSR juin 2016

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(page mise à jour le 5 juillet 2016)