Serge Gut (1927-2014)
par Vincent Arlettaz
Né dans une famille d'origine bâloise, Serge Gut (1927-2014) appartient aux plus illustres musicologues de langue française. Dès 1979, succédant au fondateur Jacques Chailley (1910-1999), il occupa en Sorbonne la chaire de langage musical créée par ce dernier. Son autre cheval de bataille fut Franz Liszt, auquel il consacra deux ouvrages fondamentaux, récemment réédités ou traduits. La Revue Musicale de Suisse Romande lui rend aujourd'hui hommage, comme à l'un de ses modèles les plus importants: l'éclairage original proposé par Serge Gut, issu de la connaissance intime de l'histoire du langage musical, n'a cessé d'inspirer nos efforts au cours des dernières années. Plus que jamais, son oeuvre mérite d'être étudiée et perpétuée.
Serge Gut fut peut-être le plus suisse des musicologues français: son père, bâlois de naissance, était tombé de bonne heure amoureux de la culture française et de Paris; il s'y établit entre deux guerres et, comptable de formation, y termina sa carrière comme directeur d'une imprimerie. Du côté maternel, la famille exploite un restaurant sur la place de l'Opéra. C'est à Bâle toutefois que naît le petit Serge, le 25 juin 1927: son père, n'ayant pas confiance dans les maternités françaises, fit ce choix qui devait avoir des conséquences non négligeables pour son fils: n'étant pas né sur sol français, et bien qu'ayant grandi à Paris dès l'âge de quelques semaines, Serge Gut fut longtemps exclusivement citoyen helvétique, n'obtenant le passeport français qu'à l'approche de la cinquantaine. Toute sa scolarité se déroule cependant dans la Ville-lumière; Serge Gut grandit dans le quartier de la Bastille, fréquente le Lycée Charlemagne dans le Marais, et obtient son baccalauréat en 1945. Mais dès l'enfance, c'est la musique qui occupe toute son attention; se destinant à la composition, il suit entre 1948 et 1955 un cursus au Conservatoire, notamment dans la classe de Tony Aubin (1907-1981), et bénéficie également de l'enseignement d'Olivier Messiaen.
Compositeur
Commence alors une première carrière, en tant que compositeur, arrangeur et critique. Le catalogue complet des oeuvres musicales de Serge Gut, publié sous sa direction en 1998, comporte une soixantaine de titres, composés pour l'essentiel entre 1950 et 1965 -- les oeuvres plus récentes étant au nombre d'une dizaine seulement. On y trouve surtout des pièces pour orchestre, pour piano, pour voix accompagnée ou pour divers ensembles de musique de chambre. Une large majorité de cette production reste inédite, conservée de surcroît dans les archives familiales, ce qui rend difficile d'en proposer une appréciation stylistique. Seuls une dizaine de titres ont été publiés; encore s'agit-il souvent de pièces faciles, parues dans des recueils à vocation pédagogique, ne paraissant pas a priori représentatives de son style. En cherchant bien toutefois, on pourra trouver l'une ou l'autre page plus ambitieuse, qui nous permettra de jeter un regard furtif dans cet univers musical, sur lequel l'impressionnisme semble avoir exercé une influence prépondérante...
Pour lire la suite...
La version gratuite de cet article est limitée aux premiers paragraphes.
Vous pouvez commander ce numéro 67/2 (juin 2014, 64 pages, en couleurs) pour 13 francs suisses + frais de port (pour la Suisse: 2.50 CHF; pour l'Europe: 5 CHF; autres pays: 7 CHF), en nous envoyant vos coordonnées postales à l'adresse suivante (n'oubliez pas de préciser le numéro qui fait l'objet de votre commande):
(Pour plus d'informations, voir notre page «archives».)
Retour au sommaire du No. 67/2 (juin 2014)
© Revue Musicale de Suisse Romande
Reproduction interdite