Editorial
Karl Anton Rickenbacher (1940-2014)
© Nicole Weber
Les hasards de l'actualité font que ce numéro contient hélas un nombre important d'hommages nécrologiques. Nos lecteurs trouveront dans les pages qui suivent quelques lignes consacrées à un chef romand charismatique entre tous, André Charlet, au grand maître Claudio Abbado, ainsi qu'au compositeur Boris Mersson. La disparition qui touche le plus directement notre revue reste cependant celle du chef d'orchestre Karl Anton Rickenbacher, établi de longue date à Chernex au-dessus de Montreux. Contrairement aux trois autres artistes que nous commémorons, rien ne laissait prévoir une telle fin pour le chef bâlois. Allongement de l'espérance de vie oblige, 73 ans est un âge précoce de nos jours pour un chef d'orchestre; c'est surtout beaucoup trop tôt pour un personnage aussi humain et attachant. Être d'une grande culture, et plus encore d'une merveilleuse générosité, Karl Anton Rickenbacher était toujours plein de projets, d'énergie, d'enthousiasme. Une crise cardiaque l'a emporté tandis qu'il travaillait paisiblement à son domicile, le 28 février 2014; une fin rapide, sans douleurs ni déchéance, on pourrait presque dire idéale, si elle avait eu lieu dix ou quinze ans plus tard.Après avoir sauvé le Septembre Musical Montreux-Vevey au début des années 2000, ce musicien d'une discrétion sans pareille s'était fait plus visible pour le public mélomane romand. En 2006, lorsque notre revue faillit disparaître, il seconda nos efforts avec beaucoup de chaleur, parrainant notamment notre comité d'honneur. En septembre 2010, à l'occasion de ses 70 ans, nous avions le plaisir de publier une longue interview de lui: il y évoquait les figures de ses maîtres Karajan et Messiaen, les oeuvres inconnues de Richard Strauss, de Liszt et même de Beethoven... Nous regretterons vivement son absence, sa voix énergique, qui avait gardé sa rocailleuse couleur alémanique, sa curiosité de tous les instants, son invraisemblable modestie et son écoute toujours attentive et amicale. A son épouse Gaye, à sa famille et à ses nombreux collègues et amis, la Revue Musicale de Suisse Romande présente ses plus sincères voeux de sympathie.
Vincent Arlettaz
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