No. 61/4    décembre 2008

 

Bösendorfer

L'empereur des pianos

Franz Liszt et la famille impériale

Franz Liszt jouant devant la famille impériale au château de Buda. Copie par Franz Schmaus et Karl Lafitte, Vienne, Salle Bösendorfer (original non localisé).

Parmi les fabricants de piano au niveau international, Bösendorfer représente sans doute la famille des empereurs: est-ce un hasard si son modèle le plus abouti, développé vers 1900 à l'instigation de Ferruccio Busoni, s'appelle, justement, l'Impérial? Long de 290 centimètres, il comporte plusieurs notes dans l'extrême grave que ne possèdent pas les autres pianos à queue (neuf touches supplémentaires, jusqu'au contre-ut!). Son prix, qui frôle les 200'000 francs suisses, n'est pourtant pas très différent de celui des instruments haut de gamme de ses concurrents directs, les «Steinway D» et autres «Fazioli»; c'est là le prix d'une facture essentiellement artisanale et d'un meuble de près de 3 mètres de long... Il faut compter encore la moitié de cette somme pour un piano à queue de salon (170 à 200 centimètres), ce qui, ici aussi, correspond aux prix de la concurrence -- bien loin des fabricants asiatiques industriels, qui proposent déjà de petits pianos à queue pour moins de 20'000 francs!

Né en 1794, Ignaz Bösendorfer fut d'abord le disciple d'un des grands maîtres du piano viennois, Josef Brodmann. En 1828, le jeune Ignaz obtient l'autorisation d'ouvrir son propre atelier, qui acquiert rapidement ses lettres de noblesse: en 1830, il est nommé fabricant officiel de la famille impériale autrichienne. À sa mort en 1859, son fils Ludwig, également excellent musicien, prend la relève. C'est lui qui mènera le Bösendorfer à son point culminant. Franz Liszt notamment (que l'on voit ci-contre jouant devant la famille impériale au Palais de Buda) appréciait fort ses instruments -- les seuls, dit-on, capables de résister à son jeu romantique, aussi passionné qu'athlétique! Il est intéressant d'observer que c'est ce même argument de robustesse qui aurait amené, plus près de nous, le grand pianiste de jazz Oscar Peterson à donner sa préférence inconditionnelle au Bösendorfer Imperial!

En 1909, au moment même où sa firme abandonne la mécanique viennoise, jugée trop lente et peu sonore malgré son charme indéniable, Ludwig, sans descendance, vend son entreprise à la famille Hutterstrasser. En 1936, la marque déjà prestigieuse remporte une importante mise au concours de la BBC, ses instruments équipant désormais les studios de la célèbre radio anglaise. En 1966, la fabrique passe en mains américaines; après une courte période de retour dans le giron d'une grande banque autrichienne (Bawag, 2002), Bösendorfer est finalement racheté en 2008 par... Yamaha! Les responsables de Bösendorfer, qui reconnaissent traverser des périodes difficiles, se disent toutefois satisfaits de cette nouvelle collaboration, un producteur de pianos, même concurrent, étant plus à même de juger des enjeux d'une activité aussi spécialisée qu'un institut financier, aussi attaché soit-il à la mise en valeur du patrimoine culturel national...

 

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RMSR décembre 2008

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