No. 61/3    septembre 2008

 

Christian Zacharias

par Antoine Pecqueur

 

Incontournable dans le milieu musical romand depuis qu'il a repris les rênes de l'Orchestre de Chambre de Lausanne, Christian Zacharias appartient aux artistes les plus sollicités de notre époque. Sans doute le plus brillant pianiste allemand de sa génération, il a acquis depuis quelques années la stature d'un chef avec lequel il faut compter. À l'âge de 58 ans, cette deuxième carrière ne fait que commencer...

On l'ignore bien souvent: c'est à Jamshedpur, dans l'Est de l'Inde, qu'est né en 1950 Christian Zacharias. Son père, Friedrich-Wilhelm, un ingénieur originaire de Prusse, travailla pendant près de vingt ans dans ce pays; il y épousa Susanna Haase, elle-même de Dantzig (aujourd'hui Gdansk en Pologne). Deux ans après la naissance de Christian, la famille Zacharias regagne l'Allemagne, pour s'établir à Karlsruhe. C'est dans cette ville de la Forêt-Noire que Christian commence l'apprentissage de la musique: à l'âge de sept ans, il reçoit ses premiers cours de piano. Dès 1961, il intègre la Musikhochschule (Conservatoire supérieur) de la ville. Son professeur, Irène Slavin, est une pianiste d'origine russe. Outre son instrument, Christian étudie l'harmonie, le contrepoint, l'analyse, la composition ou encore l'orchestration. Un cursus complet qui se voit récompensé par l'obtention, en 1969, des diplômes de pianiste concertiste et de professeur de musique. La même année, il se présente au Concours de Genève: le jury lui décerne un Deuxième Prix à l'unanimité.

A 19 ans, Christian Zacharias possède déjà une formation musicale particulièrement riche. Mais pas question de s'arrêter là: direction Paris, où il reçoit l'enseignement de Vlado Perlemuter. Une rencontre capitale dans son parcours pianistique: ancien élève d'Alfred Cortot, Perlemuter s'est distingué en interprétant l'oeuvre de Ravel, un compositeur qu'il rencontre d'ailleurs à de nombreuses reprises. Il enseigne le piano de 1951 à 1977 au Conservatoire de Paris. Mais c'est dans le cadre de cours privés que Zacharias étudie avec lui, de 1970 à 1973. Nul doute que la personnalité déjà rigoureuse du pianiste allemand a trouvé un écho dans l'enseignement précis, voire rigide de Perlemuter. La virtuosité sans faille et l'intelligence musicale de Zacharias lui permettent d'obtenir en 1973 le Deuxième Prix du célèbre concours américain Van Cliburn. Et en 1975, il remporte le Premier Prix du Concours Ravel -- un bel hommage à son maître Perlemuter. Ces prestigieuses récompenses propulsent le jeune Christian Zacharias sur les plus grandes scènes internationales. Les récitals s'enchaînent, sous le regard approbateur des critiques. Au programme: Scarlatti, Mozart, Schubert, Schumann -- le répertoire de prédilection de Zacharias. Outre son talent de pianiste, celui-ci se révèle être un grand communicateur, et devient rapidement la coqueluche des médias -- notamment en France, où sa maîtrise de la langue de Molière est très appréciée. C'est ainsi que, au début des années 1990, Zacharias participe à deux films produits par l'INA (Institut National de l'Audiovisuel) et réalisés par la journaliste et musicologue Mildred Clary. «Christian Zacharias possède un vrai don pédagogique. Il a un grand enthousiasme, un amour même, pour ce qu'il joue et ce qu'il raconte», confie Mildred Clary. «Il est totalement à l'aise devant les caméras, et son physique passe très bien à la télévision!». Le documentaire sur Scarlatti (1990) a été tourné à Séville dans une ambiance festive. «On riait beaucoup, car Zacharias s'amuse en jouant les Sonates de Scarlatti. C'est vraiment une musique qui lui convient bien», poursuit la réalisatrice. Autre ambiance pour le documentaire consacré à Schumann (1992) et réalisé dans une villa des quartiers chics parisiens. «C'était plus sérieux, peut-être plus hermétique», se souvient Mildred Clary. «Zacharias a ce caractère fébrile typiquement allemand, parfois au bord de la folie. Une excitation très schumanienne...». Christian Zacharias participera également à un troisième film, cette fois-ci co-produit par Arte et la radio-télévision allemande WDR: «Beethoven, entre scène et loge». Quant à Mildred Clary, elle continuera de recevoir le pianiste dans le cadre de ses émissions radiophoniques sur France Musique. Notamment à la faveur d'une série intitulée «Des mets et des notes» mêlant... musique et cuisine! ...

 

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RMSR septembre 2008

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