No. 60/3    septembre 2007

 

Charles Dutoit

par Antoine Pecqueur

 

Charles Dutoit, le plus intercontinental des chefs suisses, a fêté en 2006 son 70e anniversaire. Pour autant, rien n'a freiné le bouillant Vaudois, qui s'apprête à reprendre les rênes de deux des plus prestigieux orchestres de la planète: celui de Philadelphie, et le Royal Philharmonic de Londres. Pris entre deux avions depuis des décennies, Dutoit a pourtant renoué récemment des liens plus étroits avec son pays natal. On a ainsi pu l'entendre à nouveau à la tête de l'Orchestre de la Suisse Romande, puis au Festival Menuhin de Gstaad, ou encore, prochainement, au pupitre de l'Orchestre de Chambre de Lausanne. L'occasion rêvée pour revenir en quelques pages sur une carrière impressionnante de dynamisme et de réussite!

Un chiffre pourrait résumer la carrière de Charles Dutoit: 150. C'est à la fois le nombre d'orchestres qu'il a dirigés, le nombre de disques qu'il a enregistrés et le nombre de concerts qu'il donne chaque année. Ce qui en dit long sur le dynamisme, la curiosité, voire la frénésie qui anime le chef d'orchestre suisse... Ces traits de personnalité se manifestent d'ailleurs dès la jeunesse du maestro, né le 7 octobre 1936 à Lausanne.

Sa passion pour la musique naît lorsqu'il voit le film Prélude à la gloire de Georges Lacombe, qui montre comment le jeune Roberto Benzi devient chef d'orchestre. Par empathie avec le héros de cette histoire vraie, Charles, alors âgé de 13 ans, décide de se vouer à la musique. Il s'était jusqu'alors un peu initié au trombone dans la fanfare de l'école et avait commencé un apprentissage, plutôt pénible, du violon. Mais «Charly», comme on le surnomme alors, souhaite désormais passer à la «vitesse supérieure»; il entre ainsi au Conservatoire de Lausanne, où il étudie le violon, la théorie, l'harmonie, le contrepoint et la composition. Rien ne l'arrête... Le journaliste Jean-Pierre Pastori, auteur de l'ouvrage Charles Dutoit, Musique du monde (voir page 19), nous explique: «Charles Dutoit, c'est la trajectoire exemplaire d'un homme né dans un milieu modeste et qui, grâce à son talent et à sa volonté, va parvenir à mener une carrière internationale. Dès son adolescence, il fait montre d'un dynamisme incroyable, propre à fatiguer ses amis!» C'est ainsi qu'il ira jusqu'à rencontrer en personne son héros, le jeune chef d'orchestre Roberto Benzi, qu'il suivra régulièrement en tournée. Et en 1952, c'est au tour de Charles de monter pour la première fois sur un podium de chef d'orchestre. Il a alors seize ans, et dirige la Petite musique de nuit de Mozart -- déjà son compositeur préféré -- avec l'orchestre amateur de Renens. Une formation vaudoise que Charles connaît bien pour y avoir souvent joué du violon. A noter que lors d'un concert à la tête de cet orchestre, Charles Dutoit aura comme soliste le baryton... Michel Corboz! Avec l'organisateur des concerts de Renens, Georges-André Grin, il profite également pour fréquenter les principales salles de concert de la région. A la même époque, on retrouve aussi le maestro en herbe au Théâtre Municipal de Lausanne en tant... qu'ouvreur!

 

Karajan et Ansermet

Autre expérience marquante: Charles joue en 1955 à Lucerne au sein d'un orchestre qui sert de cobaye à des apprentis chefs d'orchestre. Le professeur de direction n'est autre qu'Herbert von Karajan -- une découverte saisissante pour le jeune violoniste. L'année suivante, il intègre le Conservatoire de Genève, où il n'étudie plus le violon, mais l'alto. Un changement d'instrument motivé par des questions tant musicales -- mieux comprendre l'harmonie des oeuvres -- que matérielles -- il y a beaucoup plus de «cachetons» en alto qu'en violon: Charles Dutoit fait déjà preuve d'un sens certain des affaires! A Genève, il étudie également la percussion et n'hésite pas à interpréter chez lui L'Histoire du soldat de Stravinsky avec des chaises et des tabourets.

En parallèle, l'apprenti chef d'orchestre fréquente assidûment le Victoria Hall pour y suivre les répétitions de l'Orchestre de la Suisse Romande dirigé par Ernest Ansermet. Celui-ci agit comme un véritable mentor pour Charles Dutoit...

 

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