No. 60/1    mars 2007

 

Un label qui monte

MIRARE

par Vincent Arlettaz

rmsr

Créateur de la fameuse «Folle Journée» et directeur du festival de piano de la Roque d'Anthéron, René Martin vient d'ajouter une nouvelle réalisation à un palmarès déjà considérable: son label discographique, Mirare, peut dès l'origine compter sur l'impact exceptionnel des mille concerts organisés annuellement par l'impresario nantais.

 

Revue Musicale de Suisse Romande: René Martin, on vous connaît bien comme créateur de la Folle Journée, une des manifestations qui bénéficient actuellement du plus grand succès populaire au niveau international, ou comme directeur du festival de la Roque d'Anthéron, une référence pour les professionnels et les mélomanes les plus exigeants. On connaît moins pour l'instant votre label, Mirare. Pouvez-vous nous en parler?

René Martin: Mirare, qui existe depuis quatre ans, est le fruit d'une passion personnelle, mais aussi de la complicité avec mon fils, François-René Martin, qui a pris la direction du label. Formé aux métiers du cinéma, François-René a travaillé à Paris pour des sociétés de production audiovisuelle, mais comme moi, c'est un passionné de musique: j'ai chez moi 15'000 disques que j'écoute en permanence, et j'aime profondément l'objet qu'est le disque. En outre, de longue date, je suis uni par des liens d'amitié à des artistes comme Philippe Pierlot, Pierre Hantaï, Anne Queffélec, qui n'avaient plus de contrats avec des maisons de disques depuis des années. Il faut dire que le cadre de travail aujourd'hui est souvent contraignant: certaines productions ne disposent que de deux jours d'enregistrement, les conditions sont difficiles de manière générale. Je me suis fait cette réflexion: pourquoi ne pas prolonger cette amitié en créant un label différent, et permettre aux artistes de développer leurs projets de manière plus libre: si quatre jours de prise sont nécessaires, et six jours pour le mixage, on les prendra. A charge du label ensuite de bien vendre le produit!

Et quelles ont été les réactions?

Nous avons rapidement trouvé notre réseau. Très vite, Harmonia Mundi s'est intéressée au projet, et a accepté de nous diffuser dans le monde entier. Nous disposions dès le départ de la contribution d'un excellent ingénieur du son, Nicolas Bartholomée, alors en charge du label Ambroisie, avec lequel nous avons d'abord collaboré; aujourd'hui, Ambroisie est lié à Naïve, nous sommes donc à nouveau séparés. Mais Mirare continue à progresser; nous produisons en exclusivité les enregistrements de Pierre Hantaï, du Ricercar Consort; notre catalogue de musique baroque se développe, mais nous approfondissons aussi le répertoire romantique et la musique pour piano: Boris Berezovsky vient de signer chez nous pour la totalité de ses disques, et il faut y ajouter des artistes comme Brigitte Angerer, Anne Queffélec, et tous les jeunes pianistes apparaissant à la Roque d'Anthéron, qui sont les grands noms de demain. Nous commençons d'autre part à collaborer avec des formations symphoniques, comme Sinfonia Varsovia ou L'Orchestre de l'Oural.

En quoi Mirare est-t-il un label différent?

Notre force vient du fait que nous sommes aussi producteurs de concerts. 60% du chiffre d'affaires de Mirare est généré à l'étranger, par exemple au Japon, en fait dans tous les pays où s'exporte aujourd'hui la Folle Journée. Nous essayons de lancer nos projets en réfléchissant une ou deux années à l'avance; il est ainsi possible de choisir des programmes qui entrent parfaitement dans nos futures thématiques: nous savons quels répertoires seront à l'affiche, et pouvons développer une formidable synergie. A la Folle Journée 2006 à Nantes, par exemple, après chaque concert de Michel Corboz, trois cents personnes se pressaient à la boutique du festival en cherchant à acheter un disque de l'Ensemble Vocal de Lausanne: nous n'en avions pas! Il nous fallait corriger cela.

Mais la crise de l'industrie phonographique est aujourd'hui devenue générale. Quel avenir voyez-vous pour le disque classique?

Nos enregistrements ne se définissent pas seulement comme des produits de magasin: il est vrai que les ventes de disques, à l'heure actuelle, souffrent beaucoup de la concurrence des téléchargements sur internet, en particulier pour le jazz, le rock, la variété. Le classique est moins touché: le mélomane aime s'asseoir et feuilleter un livret, prendre connaissance des analyses, il aime aussi avoir entre les mains un bel objet. C'est une grande chance pour le disque classique. Si nous parvenons à baisser son prix, qui est encore dans une certaine mesure une barrière, je pense que le disque classique a devant lui de très belles années...

 

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