Le Festival de Zermatt
par Vincent Arlettaz
Comme il paraît loin, le temps où les stations touristiques valaisannes n'étaient qu'au-tant de no man's land culturels: en hiver, des skieurs aux lourdes chaussures déambulaient entre les talus de neige sale; assez nerveux en général, fatigués de leur journée sportive mais aussi de leurs longues attentes dans les queues des remontées mécaniques, ils s'aventuraient parfois jusque sur les terrasses des cafés ou dans les allées des grands magasins, annoncés à grands fracas par le cliquetis de leur attirail. Cette population hautement migratrice ne semblait montrer aucune prédisposition particulière pour les questions artistiques, pas plus d'ailleurs que les randonneurs de l'été, arpentant les rues en une tenue allégée laissant admirer le galbe de leurs mollets bronzés; l'oeil tendu vers l'horizon derrières leurs lunettes noires, la gourde brinquebalante sur leur sac à dos, ils faisaient sonner sur le macadam les pointes métalliques de leurs bâtons; le souffle rauque, le front perlant de sueur, ils ne paraissaient pas plus réceptifs aux préoccupations culturelles que leurs cousins hivernaux.
Consistant essentiellement en animations de messes, la saison musicale culminait par un concert de cor des Alpes à l'occasion de la kermesse annuelle, ou par la prestation d'un groupe folklorique devant les bureaux de l'Office du Tourisme...
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