No. 58/1    mars 2005

 

Visite au doyen des compositeurs romands

René Gerber ou la clarté française

par Alain Corbellari

 

René Gerber naît le 29 juin 1908 à Travers, à l'entrée du Val du même nom. La soeur de sa mère est cantatrice: habitant dans la même maison, elle fait assister le petit René aux leçons qu'elle donne. La voie du jeune homme semble toute tracée, mais après un baccalauréat scientifique, il commence des études de médecine dentaire à Zurich, où son oncle, lui-même dentiste, espère qu'il reprendra son cabinet. Il n'oublie pas pour autant la musique et court les concerts: le 12 novembre 1929, il assiste à la création, à la Tonhalle, de la «Musique pour orchestre» de Volkmar Andreae et c'est le choc décisif: il va trouver le compositeur qui regarde ses premiers essais avec intérêt et lui dit: «C'est curieux, vous savez peindre, mais vous ne savez pas dessiner». René Gerber n'oubliera jamais cette remarque et développera un métier d'une sûreté qu'on ne rencontre plus guère. Il obtient de faire en trois ans une formation qui aurait dû lui en coûter huit et parvient ainsi à vaincre les résistances parentales face au choix d'un métier connu pour moins bien nourrir son homme que celui de dentiste!

 

Paris

En 1934, il part pour Paris où il vit une année sans bourse, mais avec l'héritage de sa femme, car il vient de se marier: il y étudie avec Paul Dukas, Nadia Boulanger, dont il se souvient surtout qu'elle ne jurait, très doctrinalement, que par Stravinski, Pierre Dupont, chef de la garde républicaine, et le grand chef d'orchestre Robert Siohan. Il fait le voyage à Montfort-l'Amaury pour voir Ravel, mais finit par le rencontrer chez son frère à Levallois-Perret: l'auteur du Boléro, malade, reçoit son jeune admirateur suisse avec un chat dans les bras et lui déclare: «Je ne suis pas encore guéri, mais quand je le serai je ferai enfin du Ravel, parce que je ne suis content de rien de ce que j'ai écrit jusqu'à aujourd'hui». Mais Ravel, qui n'avait plus que trois ans à vivre, ne guérira pas...

 

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