No. 57/3    septembre 2004

 

Un témoin du XVème siècle

L'orgue de Valère

par Edmond Voeffray

rmsr

 

Le 3 juillet 2004, l'orgue de la collégiale Notre-Dame de Valère sur Sion (Valais) a été réinauguré après plus de deux ans de travaux de restauration. Le chantier concernait en fait tout le massif ouest de l'édifice. Après la restauration du choeur entre 1993 et 1999, c'est donc l'autre extrémité qui a retenu l'attention de l'Etat du Valais, responsable depuis plus d'un siècle de la maintenance du château et de toutes ses dépendances. C'est l'occasion pour la Revue Musicale de Suisse romande d'examiner cet orgue, centre d'intérêt du Festival qui depuis plus de trente ans le fait connaître à un large public, souvent venu de fort loin pour écouter un instrument exceptionnellement ancien.

 

Un lieu unique

Peu de villes peuvent se prévaloir d'une silhouette aussi caractéristique que celle de Sion. Les deux collines de Valère et Tourbillon et leurs châteaux permettent de reconnaître cette cité entre toutes au premier coup d'oeil. Valère constitue une véritable forteresse renfermant dans ses murs l'église et de nombreuses maisons. La collégiale remonte au XIIe siècle mais ne fut achevée qu'au milieu du siècle suivant. L'aspect général, rappelant nettement les styles roman et gothique primitif, peut induire en erreur le visiteur, lui faisant croire à un ouvrage d'une époque plus reculée. Particularité rarissime, le jubé en pierre du XIIIe siècle est conservé!

Propriété du Vénérable Chapitre de la Cathédrale de Sion, l'ensemble des bâtiments fut peu à peu abandonné au cours du XVIIIe siècle au profit de la cathédrale du bas, Notre-Dame-du-Glarier. Le séminaire diocésain, anciennement à Géronde sur Sierre, occupa la place laissée vide dès 1817, mais son installation en ville en 1874 faillit condamner le site à l'oubli et à la ruine. L'installation d'un Musée historique en 1883 et surtout une convention passée entre le Chapitre et l'Etat du Valais en 1891 en permirent cependant la sauvegarde. Désormais, l'entretien des bâtiments incombe à l'Etat (avec une subvention fédérale de 35%), tandis que l'espace, hormis la basilique, est mis à disposition des Musées cantonaux. C'est à la première campagne de restauration (1890-1910) que l'on doit, dans l'église, les poutrelles métalliques reliant les parties hautes des parois latérales de la nef.

Depuis 1985, les chantiers se succèdent à Valère. Après les toitures (jusqu'en 1992), ce sont surtout le choeur et ses fresques du XVe siècle qui ont retenu l'attention des restaurateurs. A cette occasion, on eut la déception de constater que les vitraux, que l'on croyait former un ensemble médiéval d'une homogénéité exceptionnelle, avaient été refaits à neuf vers 1900. Dès 1998, on aborda la partie occidentale de l'édifice et c'est la fin de ces travaux que l'on a inaugurée le 3 juillet dernier. Une quatrième étape devrait permettre d'ici 2010 de restaurer le corps central de la basilique ainsi que divers bâtiments du château.

 

L'important, c'est la rose

Pour approcher les questions relatives à l'orgue de Valère, il est très éclairant d'étudier son contexte architectural. En effet, une construction de trois étages jouxte la paroi ouest de la basilique. Le rez-de-chaussée contient un moulin et sert d'accès à l'église depuis les bâtiments annexes. On parvient aux deux autres niveaux par un escalier tournant dissimulé dans une tour visible au fond du bas-côté septentrional. Le premier de ces niveaux renfermait autrefois les archives capitulaires, le second contient la soufflerie de l'orgue et s'ouvre sur un étroit passage jusqu'au clavier de l'orgue. Le tout était jusqu'à aujourd'hui couvert d'un toit incliné appuyé à mi-hauteur d'une ancienne rosace condamnée dont on distinguait encore le dessin depuis l'intérieur de l'église. C'est cette rosace qui a suscité le plus de débats lors des récents travaux.

Pour les uns, l'ouverture de la rosace signifiait la mort de l'orgue à plus ou moins long terme par la transformation des conditions thermiques des alentours de l'instrument. De plus, cela entraînait l'abaissement du toit et donc la transformation de l'aspect extérieur d'un monument historique. Pour les autres, c'était le rétablissement d'une meilleure lumière dans la basilique par le retour à la conception originelle. Une analyse minutieuse a finalement mené au percement de cette rosace...

 

Pour lire la suite...

rmsr

Vous pouvez acheter la version imprimée de ce numéro pour 9.50 CHF (plus participation aux frais de port). Plus d'informations sur notre page «Archives)»

 

Retour au sommaire du No. 57/3 (septembre 2004)

 

© Revue Musicale de Suisse Romande
Reproduction interdite

 

Vous êtes sur le site de la  REVUE  MUSICALE  DE  SUISSE  ROMANDE

[ Visite guidée ]   [ Menu principal ]

(page mise à jour le 13 décembre 2018)