Le «Trio sur des mélodies populaires irlandaises» Une approche originale du folklore par Florence Doé de Maindreville
La problématique des rapports entre les musiques «populaires» et «savantes» existe depuis bien longtemps mais se renouvelle sans cesse. Nous avons découvert le Trio sur des mélodies populaires de Frank Martin lors d'une séance de déchiffrage au sein d'un trio piano-violon-violoncelle, alors que l'un des sujets imposés aux programmes des concours nationaux français soulevait encore une fois cette question. Porteur d'un éclairage différent, le Trio offrait pour nous et pour les étudiants l'occasion de mener cette réflexion de manière concrète. L'originalité et la richesse séduisante de cette oeuvre nous ont également incitée à la travailler en profondeur en tant qu'interprète tout en cherchant à en savoir un peu plus: pourquoi des mélodies populaires irlandaises? Quelle importance le compositeur leur a-t-il accordée? Comment les a-t-il utilisées? Comment a-t-il concilié musique populaire et musique savante? Nous avons eu la chance d'entrer en contact avec Mme Maria Martin, veuve du compositeur. Celle-ci eut l'extrême gentillesse de nous faire parvenir des photocopies des carnets de composition de son mari. Nous avons ainsi pu étudier la partition en parallèle avec ces sources de toute première importance pour la compréhension de l'oeuvre. Notre réflexion s'est portée, en priorité, sur l'exploitation des éléments populaires dans le Trio puis sur leur rapport avec des techniques issues de la musique savante.
1. Les mélodies populaires: support essentiel ou prétexte? Le Trio est né de la commande d'un riche Américain, musicien amateur, d'origine irlandaise. Frank Martin s'est attelé à la tâche et sa démarche, dépassant sans doute les espérances du commanditaire, a d'abord été celle d'un explorateur, d'un découvreur de folklore: il est allé rechercher des mélodies populaires irlandaises à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) avant de composer son oeuvre dans les Landes, à Capbreton, en 1925. Outre quelques esquisses, les carnets de composition de Frank Martin reproduisent fidèlement l'ensemble des mélodies irlandaises découvertes à la BNF. L'examen des carnets révèle tout d'abord l'abondance des mélodies notées par le compositeur: nous en avons compté vingt. Frank Martin les a trouvées dans deux recueils consacrés au répertoire populaire irlandais, l'un de Joyce, le second de Graves. En les consultant, nous avons appris qu'il s'agissait de mélodies inédites, souvent anciennes et qu'elles provenaient aussi bien de danses que de chants. Toutes portent un titre mais celui-ci reste, en général, abstrait. Un certain nombre de caractéristiques musicales se dégagent de l'étude des mélodies notées...
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(page mise à jour le 13 décembre 2018)