No. 54/4    décembre 2001

 

editorial

L'éloge du
Chapelier toqué

par Vincent Arlettaz

Au moment de boucler cette édition, un scrupule me saisit: je réalise qu'il y est beaucoup question d'anniversaires. Or, les anniversaires, on le sait bien, sont des sujets faciles. Pas besoin de trésors d'imagination, pas besoin de mois de travail pour en trouver quelques-uns, et pour en composer un fascicule présentable. Mais tous les autres? me dira-t-on. Il faut penser à tous ces artistes -- et même à tous ces non-artistes -- qui ne fêtent pas d'anniversaire particulier et qui, après tout, représentent l'immense majorité: car sans eux, ce monde ne tournerait tout simplement pas!

C'est vrai. Notre silence à l'égard de ces personnes pourrait paraître une injustice.
Qu'on nous permette donc de leur dédier le présent éditorial.

****

-Mais, dira-t-on encore, que vient faire ici le chapelier toqué?

C'est fort simple. De même qu'aux jubilaires, il est d'usage de chanter un sonore «happy birthday», de même, il est évident que pour célébrer dignement tous les personnages obscurs et anonymes dont il était question à l'instant, il nous faut un hymne, une chanson, un refrain entraînant.

Cet hymne, pas besoin de l'inventer, il existe déjà. Souvenez-vous de l'extraordinaire fable d'Alice au Pays des Merveilles, telle que vue par Walt Disney: après avoir couru en vain après un lapin pressé, et écouté les élucubrations consternantes d'un chat fou, Alice tombe au milieu d'une fête des plus étranges, et entend une chanson à laquelle elle ne comprend rien. A ses questions incessantes, le chapelier toqué finit par répondre, agacé:

«Ma chère, avez-vous seulement songé que vous n'avez
qu'un anniversaire par année, et... 364 non-anniversaires?»

Eh bien, le non-anniversaire, c'est là exactement le concept qu'il nous fallait! Et la chanson du chapelier toqué est précisément la musique qui convient en cette circonstance. Prenez donc tous les personnages que vous souhaitez, qui ne fêtent pas d'anniversaire particulier, et envers qui par conséquent nous avons été injustes dans ce numéro. A titre personnel, permettez-moi de penser plus particulièrement en cet instant aux 8 ans, 7 mois et 10 jours de mon filleul, aux 53 ans et demi de la Revue Musicale de Suisse Romande, aux 12 ans et 3 mois de ma voiture, enfin aux 14 ans et 5 mois de mariage de Don Doroteo Prieto.

A tous ces héros de l'ombre, sur une musique de théières désaccordées et de bouilloires essoufflées, accompagnées par une batterie de pinces à sucre et de petites cuillères, d'une même voix, souhaitons tous en choeur:

«Un joyeux non-anniversaire!»

 

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RMSR

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