No. 54/4    décembre 2001

 

Une lettre extraordinaire
d'Ernest Ansermet

par Jean-Jacques Rapin

 

Disparue depuis des années, une lettre d'Ernest Ansermet à Mme Elisabeth Furtwängler, veuve du grand chef d'orchestre allemand, vient de réapparaître mystérieusement. Rendue à sa destinataire, puis déposée à la Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne, elle éclaire d'un jour nouveau - et semble-t-il définitif - la prétendue «réconciliation» finale entre Ernest Ansermet et Igor Strawinsky. Nous tenons à remercier ici M. Jean-Jacques Rapin, ancien directeur du Conservatoire de Lausanne, qui a obtenu de Mme Furtwängler l'autorisation de publier dans nos colonnes ce document unique. (réd.)

 


A la mémoire de J.-Claude Piguet

 

La rencontre de Wilhelm Furtwängler avec Ernest Ansermet a quelque chose de surprenant. Lorsqu'en février 1945, échappant de peu aux mains de la Gestapo, se pose, pour le grand chef allemand la question «Où aller?», il charge son épouse de trouver un refuge sur les bords du Léman. La réponse «Clarens» est un signe du destin...

Jusque-là, Furtwängler n'a pas voulu quitter son pays. Malgré les ponts d'or qui lui étaient offerts s'il s'expatriait, il est resté, parce que, comme il l'écrit lui-même: «...il y a deux choses: l'amour de mon pays et de mon peuple, qui est un élément affectif et viscéral; et le sentiment d'avoir ici une tâche à accomplir - remédier à l'injustice. Dehors, on ne fait que protester. Ce qui est à la portée de chacun.» La lecture des Carnets 1924-1954, d'où est tirée cette citation est à ce titre révélatrice, d'autant plus qu'au départ, ces notes personnelles n'étaient pas destinées à la publication.
Clarens, un endroit béni des dieux, certes, où la douceur du paysage l'aidera à vivre les deux années d'interdiction de diriger, jusqu'à ce qu'un tribunal de dénazification le blanchisse en 1947, mais surtout un endroit situé à quatre-vingts kilomètres de l'homme qui, de toute la cohorte de chefs du moment, est, sans le savoir, le plus proche de sa pensée...

 

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