No. 54/3    septembre 2001

 

Le Belluard
Bollwerk International

par Thierry Dagon

Le plus original et le plus insolite des festivals romands vient de connaître sa dix-huitième édition. Ayant pour décor une forteresse du XVe siècle -- à laquelle il doit son nom -- dans l'enceinte même des remparts de la vieille ville de Fribourg, le «Belluard Bollwerk International» combine esprit de découverte et prise de risque, avec des résultats aussi étonnants que contrastés.

 

Voici dix-huit étés que le Belluard Bollwerk International fait parler de lui à Fribourg. Creuset pluridisciplinaire d'expériences les plus décoiffantes, le festival a eu lieu à nouveau du 6 au 14 juillet derniers. L'un de ses mérites - et non des moindres - est de faire bouger la scène artistique fribourgeoise, s'attirant parfois l'ire de certains.

C'est que le Belluard tend le fil de la sensibilité, quitte à ce qu'il se casse parfois. Cela fait partie du risque de la démarche, loin des ronrons habituels. Cette année par exemple, nous avons eu de la peine à saisir les intentions de Philippe Meste, bricoleur d'un robot malhabilement téléguidé qui envoyait des pétards sur une voiture. Nous ne sommes pas entrés non plus dans l'hermétisme de Ion Munduate, désirant naïvement détruire la danse. Beaucoup plus interpellantes étaient les chaises d'Angie Hiesl, fixées sur les murs de la ville à une hauteur plutôt vertigineuse, sur lesquelles étaient assises des personnes âgées vacant qui à tricoter, qui à fumer sa cigarette. Cette performance nous faisait ouvrir les yeux sur la place attribuée au troisième âge dans notre société. Mais lorsque Spencer Tunick demande à 400 figurants de s'allonger nus sur le pavé de l'hôtel de ville, événement largement médiatisé, cela donne lieu à une avalanche de courrier de lecteurs...

Un haut lieu de musique contemporaine

Le festival du Belluard est aussi un haut lieu de la musique contemporaine. En sont bannis néo-romantiques et post-modernes, pour ne garder que ce qui interpelle. C'est d'ailleurs par une question lourde de sens que le directeur du Belluard, Olivier Suter, invite artistes et public à cette grande célébration: «Reste-t-il quelque chose à faire?»
Côté musique, c'est James Giroudon qui s'est chargé de répondre à cette question. Responsable de la programmation musicale du Belluard, cet élève de Pierre Schaeffer s'est employé à réunir des créateurs sonores issus d'horizons divers, dans un heureux esprit d'éclectisme.

James Giroudon a fait ses premières armes dans le domaine de la musique concrète, créée par son maître. Il y a vingt ans, rares étaient les moyens, pour les compositeurs électroacoustiques, de satisfaire leurs attentes. Désirant combler cette lacune, James Giroudon s'associe à son collègue Pierre-Alain Jaffrenou pour fonder en 1982 à Lyon le studio Grame, qui, refusant tout dogmatisme, se met à la disposition de créateurs de tous bords. Chaque compositeur, travaillant avec ce véritable laboratoire de lutherie informatique, développe son propre mode d'approche, son vocabulaire, Grame préférant le concept de pluralité à la notion d'école. La programmation musicale du Belluard proposée par Giroudon en est le vivant reflet.

 

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