No. 54/2    juin 2001

 

Stéphane Denève
Une comète dans la fosse d'orchestre

par Antonin Scherrer

 

Plus c'est haut, plus c'est beau! A condition de ne pas avoir le vertige... Stéphane Denève ne semble pas en souffrir, lui qui conduit l'une des plus époustouflantes jeunes carrières de chef du moment. Invité à diriger quatre représentations des Nozze di Figaro de Mozart cet été à Mézières, à la tête de «son» Opéra de Düsseldorf, ce jeune prodige tricolore nous a accordé quelques minutes d'interview entre l'Allemagne et Paris, pour nous dire qui il est, et surtout comment il fait!

 

Enfant du nord de la France -- il grandit près de Tourcoing -- c'est la trompette qui le conduit (avec un détour par le piano) à cette baguette qu'aujourd'hui il ne lâche plus. Ses parents ne sont pas musiciens, mais la fanfare villageoise suffira à faire frémir son coeur et à le vouer définitivement à la musique.

Enfant prodige du clavier, il bénéficie de l'enseignement de ce que l'on appelle communément un «mentor», André Dumortier, pianiste belge à qui il dit devoir même une part de sa formation psychologique. Il étudie parallèlement la direction d'orchestre, fonde son propre orchestre, puis, à 19 ans, monte à Paris. Contre toute attente, il remporte les trois concours auxquels il s'est inscrit, et suit ainsi l'enseignement de direction de chant (c'est-à-dire de pianiste d'opéra, à ne pas confondre avec chef de choeur), de direction d'orchestre et d'histoire de la musique en tant qu'étudiant régulier.

Arrivé très jeune dans la capitale -- et même trop jeune pour entrer directement au Conservatoire -- Stéphane Denève s'y «promène» durant la première année, suivant les cours sans être élève, et buvant toute la musique qu'il lui est donné de consommer. C'est entre autres la découverte de l'opéra, dont il n'avait jusqu'ici jamais foulé les marches... et le coup de foudre! «Sous le choc, j'y allais presque tous les soirs», se rappelle-t-il. «C'était fascinant, pour moi qui débarquais de province, de voir des chanteurs et des chefs pareils.» Parmi ses premiers «flashs», les Nozze di Figaro, justement, dans une mise en scène de Strehler. «Je suis fou de Mozart en général. Mais j'ai été aussi très marqué par l'Otello de Placido Domingo, et par les décors de l'Enfant et les Sortilèges dessinés par David Orkney -- le rêve total!»

Bien sûr, entre deux montées d'adrénaline et trois nuages de rêve, il faut redescendre quelques instants sur terre pour concrétiser cette passion, ce que le Français réalise avec un brio inouï. Encore étudiant, il devient pianiste répétiteur à l'Orchestre de Paris -- «j'avais besoin d'argent.» Ce poste est loin d'être un calvaire: il voit défiler à quelques centimètres les plus grandes baguettes - Giulini, Solti, Boulez, Colin Davis... A 22 ans, il se voit décerner un premier prix à l'unanimité, ce qui n'était plus arrivé depuis sept ans. «J'étais donc très en vue -- inutile de jouer les faux modestes -- et j'ai eu la chance de commencer très vite en dirigeant Così fan Tutte au Festival de St-Céré.» Le directeur était son ancien professeur de direction de chant, ce qui a facilité les choses... Mais le talent était là, et n'allait pas tarder à faire ses preuves...

 

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