Disques
Jean Daetwyler (1907-1994)
et l'âme musicale du Valais
par Jacques Viret
Nous l'avons déjà dit et nous le répétons, les archives sonores de la Radio romande renferment dans leurs tiroirs de vrais trésors! En voici une nouvelle preuve, grâce aux soins conjugués de ladite Radio et de Disques Office: deux compacts en coffret, qui ne sont point les premiers, tant s'en faut, consacrés aux oeuvres de Jean Daetwyler. Sans parler des microsillons, il y eut en 1988 le disque-portrait de la série «Grammont» éditée par l'Association des Musiciens Suisses (CTS-P 15-2), puis en 1989 deux compacts parus chez Gallo (CD 548, 578) et en 1992 un premier coffret de la Radio romande.
Entre temps le compositeur nous a quittés, et le présent coffret est sauf erreur la première édition discographique réalisée depuis son départ. Edition d'autant plus opportune qu'en l'an 2000 les vicissitudes du goût et l'avènement de la postmodernité nous font écouter d'une oreille neuve les musiques qui, comme la sienne, récusent les poncifs de la modernité. Daetwyler appartenait à la génération de Messiaen et Jolivet mais s'était, ses études parisiennes terminées, établi à Sierre pour faire du Valais le milieu d'élection de ses activités musicales comme compositeur, chef et enseignant (en plus d'une activité journalistique). Il tint par dessus tout à rester lui-même et à garder l'oreille du public: «Je n'ai jamais, disait-il, composé pour aligner des notes. Il me faut une motivation, car j'ai quelque chose à dire».
Les oeuvres de Daetwyler, au nombre de six cents septante, corroborent ces propos. «Modernes» sans doute au regard de celles que pouvaient produire les compositeurs romands ou autres au début du XXe siècle, elles n'en demeurent pas moins franchement tonales ou plus encore, peut-être, modales. Daetwyler avait étudié le chant grégorien à l'Ecole César Franck, et son invention mélodique s'en trouva marquée en profondeur, et vivifiée au-delà de tout emprunt superficiel. C'est pourquoi, en vertu de la sincérité de leur inspiration jointe au nécessaire métier d'écriture, ces oeuvres ont mieux vieilli que beaucoup d'autres se voulant trop ostensiblement «contemporaines». A coup sûr elles possèdent cet indéniable cachet d'authenticité qui seul permet aux créations artistiques de durer et auquel elles doivent de ne point être «faciles» au sens péjoratif du terme...
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